Il y a plus d’une dizaine d’années, je publiais un texte sur les beer geeks (aka beer snobs), ces gens qui en savent plus sur la bière qu’ils boivent que sur le monde dans lequel ils vivent. Dix ans plus tard, je trouve que la culture «beer geek» s’est intensifiée et je pense que ce texte mérite une actualisation. Bien que le ton demeure humoristique – sinon satirique –, quelques bribes se rapprochent d’une vérité bien assumée…
- Le beer geek apporte toujours sa propre bière lors d’une rencontre sociale. Il ne voudrait surtout pas être vu en train de siroter une bière du peuple achetée à l’épicerie. En plus, il est persuadé que sa sélection personnelle sera le clou de la soirée. Sa phrase fétiche : «une seule de mes bières coûte plus cher qu’une 24 de Heineken!»
- Lorsqu’il achète une bière rare, le beer geek espère l’échanger contre une bière encore plus rare. Dans sa tête, les gens qui perdent leur temps à déguster autre chose que du Hill Farmstead ou du Cantillon ne sont que des pauvres ratés qui n’ont absolument rien compris au sens de la vie. Il songe à aller en politique pour faire passer une loi qui interdirait à de tels humains d’exister.
- Le beer geek aime dire qu’il boit des bières d’importation privée et des produits rares qu’il a obtenus parce qu’il est ami avec un brasseur sur Facebook.
- Lorsqu’on pose une question au beer geek, il en profite pour étaler ses connaissances, sans réellement répondre à la question. Vous voulez connaître la différence entre une APA et une IPA? Il vous racontera son voyage en Franconie en prenant soin de vous rappeler que les lagers américaines n’ont absolument rien à avoir avec ce qui se brasse en Europe.
- Le beer geek aime la bière qu’il boit… mais il préfère l’ancienne recette dans le temps de l’ancien brasseur, avant que ça devienne trop commercial.
- Le beer geek prend des notes lorsqu’il déguste une bière et un doux frisson le traverse lorsqu’il pense au prochain badge qu’il pourra débloquer sur Untappd en consignant ses savoureuses expériences.
- Le beer geek a un verre différent – et approprié – pour chaque bière qu’il déguste, mais il finit toujours par flasher son gros stein en céramique en nous ré-expliquant la Reinheitsgebot.
- Le beer geek sait ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Il n’a pas besoin de boire une bière pour savoir que c’est mauvais. S’il a bu une bière d’une brasserie en 2014 et qu’il n’a pas aimé son expérience, il est convaincu qu’ils brassent encore de la marde en 2022. Mais si la brasserie en question sort une bière dans une bouteille claire capée de cire, il va téléphoner à son proxy pour être certain de pouvoir avoir son quota.
- Le beer geek photographie toutes les bières qu’il déguste et il partage ses clichés sur les réseaux sociaux. Il veut que la planète sache ce qu’il est en train de boire. Il se persuade, de cette façon, qu’il n’est pas en train de boire seul comme un triste bougre.